Seiche : une pêche technique et ludique

Introduction

Nous venant tout droit du pays du soleil levant, l’eging désigne la pêche moderne des céphalopodes (calamar, seiche et poulpe) aux leurres que l’on nomme turlutte.

D’un coté, en lisant la presse spécialisée, on pourrait croire qu’il est désormais impossible de pêcher la seiche sans pratiquer le bichi-bachi en eging à la turlutte japonaise, avec une canne à 600 € et des leurres japonais high tech de dernière génération.

D’un autre coté, en écoutant les anciens et les habitués, la pêche de la seiche est possible, simplement et efficacement avec du matériel rustique. Et si on relit les premiers numéros de la FNPP, la seiche peut également se pêcher sans canne avec un simple fil à la main pour mieux ressentir la touche ! (FNPP, n°03 de septembre 2004)

L’AMP fait le point.

Les seiches

Les seiches font partie des espèces de céphalopodes qui ont une croissance rapide et une prolificité élevée. Elles se nourrissent principalement de petits poissons, de mollusques et de crevettes. La plupart des seiches vivent en groupe et se pêchent en quantité. Elles possèdent 10 bras dont deux, plus longs, sont spécialisés pour la prédation. La bouche de la seiche en forme de bec de perroquet se trouve au milieu des tentacules. Ce bec est utilisé pour casser les coquilles ou pour déchiqueter la chair avant consommation. C’est par le syphon que l’animal se propulse en expulsant l’eau.

Ces espèces peuvent projeter de l’encre appelée sépia. Les oeufs de seiche, regroupés en grappe de raisin sont facilement reconnaissables. Après la reproduction et la mort des géniteurs, il est courant de retrouver des os de seiches en quantité en bord de plage.

Les postes

Les seiches s’éloignent des côtes durant l’hiver et s’en rapprochent à partir du printemps, pour s’y reproduire. La seiche pond entre 150 et 4 000 œufs entre juin et juillet. Après la reproduction, les adultes meurent. Des millions d’individus viennent frayer sur nos côtes pour déposer leur grappe d’oeufs sur des zones végétales.

Les seiches déposent leurs grappes d’oeufs souvent engluées sur des zones végétales dans des herbiers jusqu’à ce que la gestation soit complète. Il suffit donc de chercher ces vastes champs de laminaires situés dans des profondeurs de 3 à 10 mètres et se laisser dériver dans ces herbiers pour croiser nos seiches.

De manière générale, les seiches évoluent aussi bien dans des zones de faible profondeur que dans des zones plus profondes au large. Les digues, les zones rocheuses, les plages de sable et les estuaires peuvent être des spots pour l’eging.

Il est inutile d’insister sur un poste. Lorsque les seiches sont présentes, les touches sont rapides, souvent dès la première dérive. Sans touche après 15 min, il est préférable de chercher un autre poste.

La météo

Le beau temps est préférable mais pas indispensable. La seiche n’est pas spécialement sensible à la météo. Si la seiche est présente, elle sera réactive aux turluttes.

L’essentiel reste la dérive du bateau. Les turluttes même lourdes ne sont pas adaptées aux dérives rapides. Si l’on veut conserver un minimum de perception du leurre, il est préférable de pêcher avec une dérive lente. Soit avec des coefficients de marées faibles < 50 ou à des moments proches de l’étal. La seiche fuit les gros courants en recherchant des zones abritées ou en se collant au fond de l’eau.

Le matériel

Les cannes « eging »

Le choix de la canne est plus technique. Les cannes dites « eging » avec une action de pointe sont légères, équilibrées et très souples. Ces caractéristiques sont essentielles pour plusieurs raisons. Elles permettent :

  • de lancer des leurres légers plus loin sans forcer
  • à la turlutte de nager de façon souple et ample imitant la nage d’une crevette. Par opposition à une canne trop raide (comme un bâton) entraînant une nage trop droite du leurre.
  • une flexion rapide de la canne, lorsque la seiche utilise son siphon pour se propulser en arrière. Chaque jet d’eau entraîne une pression sur les couronnes d’hameçons des turluttes pouvant provoquer le déchirement et la perte de la seiche.
  • d’éviter de déchirer la chair très fragile des seiches au moment du ferrage en absorbant l’énergie.

Ces cannes souples sont tout sauf un luxe à partir du moment ou vous pratiquez régulièrement. Leur conception augmente le ratio de prise de façon importante.

Canne eging japonaise Tailwalk

Modèle haut de gamme legist tz – 650 €

Poids de 100 g, anneaux torzite, exceptionnelle pour sa finesse et sa sensibilité

Les cannes rustiques

Selon la rédaction de pêche en mer (n° 459 d’octobre 2023), une canne courte et robuste, dotée d’une bonne réserve de puissance et assez souple pour absorber la défense des seiches est suffisante.

Même si pêcher avec du matériel conçu pour la technique de l’eging vous apportera plus de confort et de maîtrise, vous pouvez aisément débuter avec votre matériel de pêche aux leurres. Une canne d’une puissance 10-30 g pouvant lancer entre 8 et 20 grammes.

Le moulinet

Pour le moulinet, pas de frais inutile. Un modèle récent d’une taille 3 000 avec un frein sensible fait parfaitement l’affaire. L’important c’est que l’ensemble canne/moulinet soit bien équilibré.

La tresse ou le nylon

Garnissez votre moulinet d’une tresse fine 6 à 10/100 pour éviter que le courant ne contrarie les mouvements de la turlutte. Aucune crainte sur ces diamètres très fins de tresse. Ils sont largement suffisants pour combattre les plus grosses seiches de nos côtes.

Vous pouvez également utiliser un nylon de 35/100 permettant une élasticité suffisante pour ne pas décrocher les seiches durant le combat.

Les turluttes

La turlutte est le nom du leurre utilisé pour traquer les seiches. Elle revêt une forme de crevette avec un petit panier de crochets en forme de couronne simple ou double pour accrocher les tentacules des céphalopodes.

Il existe deux grands types de turluttes :

Les turluttes coulantes avec un plomb, facile à repérer. Pour les montages directs.

Les turluttes flottantes pour les montages avec plomb en palangrotte ou tataki

Plusieurs critères sont importants. Tout d’abord la couleur ! Les teintes roses et oranges fluo sont majeures. Il est impossible de s’en passer. Vous pouvez les choisir marbrées avec des décors divers.

Si vous devez pêcher en profondeur, au-delà de 5 mètres, ou alors avec des journées sombres sans soleil, il est préférable d’emporter quelques modèles phosphorescents qui sont plus visibles.

Pour le revêtement des turluttes, rien de plus efficace que les tissus rugueux pour retenir les ventouses. ces revêtement permettent de retenir les petits crochets situés dans les ventouses.

Si vous utilisez une turlutte plombée, le poids est un paramètre technique important. Il faut pouvoir s’adapter aux variations de courant liées à la marée. Durant l’étal, nous pouvons descendre à 5 mètres de fond avec une turlutte de 10 g sans souci. Lorsque le courant s’amorce, Il faut alors plomber plus lourd jusqu’à 20 ou 30 grammes. On trouve des turluttes lourdes chez plusieurs marques.

Certaines turluttes de fond n’ont pas de plomb saillant. La plombée est à l’intérieur du corps pour permettre à la turlutte de glisser sur le fond sans se coincer.

Turluttes japonaises Yo-Zuri de dernière génération

Rattles (bruiteur), jerk en 3D, plombée anti-accroche

Grappin ultra-résistant

Double phosphorescence pour une double efficacité

Phosphorescence verte à 520 nm

Phosphorescence bleue à 488nm

Une sélection de turluttes flottantes et coulantes pour votre boîte de pêche

Photo : Pêche en Mer – n°464 – Mars 2024

L’épuisette

Une épuisette est indispensable pour sortir les seiches sans les dropper (action de lever la seiche hors de l’eau). Attention aux jets d’encre noires très énergiques envoyés par les seiches pour se défendre et à leur bec puissant et pointu.

Action de pêche, montage et animation du leurre

Les avis sont partagés entre les adeptes de la pêche sportive selon la technique du « bichi-bachi », les adeptes d’un montage spécifique appelé tataki et les adeptes d’une pêche plus traditionnelle à l’efficacité éprouvée « traîne au plomb en dérive ».

L’animation du leurre selon la technique du bichi-bachi en eging

La pêche en bichi-bachi en eging pratiquée par les japonais serait devenue une pêche technique, redoutable et incontournable, qui consiste à animer doucement, mais de manière assez ample et erratique par jerk successif de faible et grande amplitude, une turlutte de dernière génération. Les céphalopodes ont une très bonne vision sur de courtes distances et attaquent lorsque la proie s’immobilise ou coule lentement. Comme les sauts brusques de crevettes lorsqu’elles s’enfuient.

Cette technique est plus adaptée à la pêche du bord.

Bichi-Bachi de faible amplitude
Bichi-Bachi de forte amplitude
Bichi-Bachi en alternant faible et forte amplitude

L’animation du leurre à l’ancienne avec une turlutte plombée

La technique de pêche est très simple. Pour les experts de la discipline, tout est une question de douceur dans la pratique de la dérive. Il est préférable d’éviter les animations trop brutales qui consiste à donner de violents coups de scions pour faire partir la turlutte dans toutes les directions. Les grosses seiches ne sont pas très mobiles à cause de leur poids. Il est préférable de pratiquer des animations calmes sans violence ni agressivité par des petits coups de scions rapprochés. La turlutte doit imiter la nage tranquille d’une crevette dans le fond.

Il faut bien repérer la direction de la dérive et du courant. Il faut toujours travailler en amont de la dérive. Il faut accorder un maximum de liberté à la turlutte pour qu’elle descende rapidement au fond. Il faut ressentir le fond. Une fois la turlutte au fond, il faut la faire tressauter en produisant des gestes amples et peu agressifs. Si la dérive et le courant sont lents vous pouvez traîner la turlutte derrière le bateau. L’étal est souvent le meilleur moment pour pratiquer la traîne. Il ne suffit pas de poser la canne et d’attendre. Il faut animer lentement en essayant de reproduire la nage d’une crevette.

L’animation du leurre à l’ancienne avec un plomb et une turlutte flottante

Ces montages présentent l’avantage de ne pas accrocher le fond. Il suffit de laisser descendre le plomb sur le fond pour le faire racler sur les laminaires et les substrats durant la dérive. La turlutte flottante suit le mouvement sans s’accrocher sur le fond, ce qui permet de ne jamais perdre le matériel. Le mouvement des vagues offre une animation suffisante.

Montage potence avec paternoster rédaction pêche en mer

Pour le montage, il suffit d’attacher le corps de ligne sur un émerillon paster-noster et de raccorder un plomb par 20 centimètres de nylon 30/100 et un bas de ligne de 30 centimètres par un nylon 30/100 avec une turlutte non plombée flottante orange ou rose.

Photo : Pêche en mer – n°459 – Octobre 2023

L’animation du leurre avec un montage spécifique appelé Tataki

« Tataki » signifie frapper, en référence à l’animation typique qui est réalisée. Ce montage ressemble à une mitraillette sur laquelle on vient fixer généralement 3 turluttes, de petites tailles (entre 3 et 8 cm) qui sont flottantes et un plomb à l’extrémité. Les turluttes sont espacées d’environ 30 ou 40 cm et sont montées par des agrafes pour plus de liberté de mouvement et pour faciliter leur changement.

Cette technique se pratique en verticale, à l’aplomb du bateau, dans une profondeur de 20 à 40 mètres. Une fois le montage en contact avec le fond, le pêcheur doit garder la tension tout en maintenant le plomb au fond. L’animation consiste à secouer violemment la canne, mais avec une faible amplitude, pour faire monter et descendre les turluttes de quelques centimètres seulement. La touche est généralement ressentie quelques secondes après, durant la pause.

Montage potence FNPP – Pêche-Plaisance n°44 – 12/2014

Vidéo expliquant le montage palangrotte avec potence et le montage Tataki

La prise

Il est important de garder un contact permanent avec la turlutte. Lorsque la seiche saisit le leurre avec ses deux bras extensibles, elle le ramène entre ses tentacules. Pour percevoir ce mouvement, il faut que la ligne soit tendue. Une fois la sensation de lourdeur établie, il faut donner un petit coup sec de scion, pour renverser la turlutte et piquer dans les chairs.

Aucun ferrage brusque n’est requis, uniquement une récupération linéaire jusqu’à la surface.

L’attaque est toujours lourde, généralement en engageant une animation, vous ressentez un poids sur la canne. Si la pression est trop forte, votre turlutte est accrochée au fond et il est nécessaire de remonter au moteur sur la zone d’accroche pour tenter de dégager la turlutte surtout avec une tresse fine. Si vous préférez éviter de perdre votre turlutte, vous pouvez utiliser une bonne tresse de 20/100. Vous perdrez en finesse de la pratique et vous prendrez moins de seiches. Mais vous n’aurez pas à revenir sur vos pas lorsque vous accrocherez le fond.

La seiche n’est pas une combattante, mise à part quelques tirées lourdes, n’espérez pas faire hurler le frein du moulinet. Néanmoins au moment de l’attaque, lorsque la main passe de la légèreté d’une turlutte de 20 grammes à la lourdeur de l’animal, le plaisir est là.

Préparer une seiche

Le nettoyage des seiches nécessite de la méthode si vous voulez éviter de mettre de l’encre partout.

Louis JENOUVRIER nous propose une méthode en photo dans pêche et plaisance magazine n°28 de décembre 2010.

L’association des plaisanciers du bassin d’Arcachon nous propose une méthode en vidéo

Bonne pêche !

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